Sandra Ganneval, l'autoédition, le choix de la liberté

"Orphelins de pairs", Cetro, édition indépendante, 2014

 

 

 

Cetro, c’est qui, ça, Cetro ?

 

Ben, Cetro, c’est un gars qui vit dans une grotte.

 

Non !

 

Si ! C’est un gars qui a une barbe de quatre mètres de long. L’hiver, il s’entoure de sa barbe pour avoir chaud.

 

Non !

 

Si ! Cetro, il ne boit que de l’eau de source et chasse à mains nues pour se nourrir.

 

Non !

 

Si ! Et puis, il a une connexion Internet. Et je te dis pas la tête des gars qui sont venus la lui installer, sa connexion !

 

Eh, Sandra ? Mmmm ? C’est vrai tout ça ?

 

Heu, ben non, en fait… Mais ça pourrait l’être…

 

Bon, ma vérité et toute ma vérité sur Orphelins de pairs, le roman qui m’a permis de faire connaissance avec le personnage Cetro, l’auteur.

 

D’où vient ce nom, d’abord ? Eh bien, si comme moi, vous vous répétez en boucle en le lisant Cetro, c’est trop, Cetro, c’est trop, ben vous avez tout bon, c’est bel et bien l’idée. Il raconte d’ailleurs ici comment est né son pseudonyme.

 

Parlons maintenant de l’écriture du Sieur Cetro.

 

Alors, je ne vais pas y aller par quatre chemins : l’écriture de Cetro m’a fait penser à celle de Dickens, ça va à la vitesse d’un cheval au galop et il se passe toujours quelque chose.

 

Lorsque j’ai échangé avec Cetro à propos de son travail d’écriture, je n’ai pu m’empêcher de penser à Trollope, je ne connais pas ses livres, mais j’en connais la légende et il est surtout réputé pour sa prolixité. Excusez du peu, mais Monsieur Cetro est capable d’écrire un roman en deux mois et il ne s’agit pas de gros caractères comme se l’autorisent certains qui tiennent absolument à nous offrir leur prose chaque début d’été indien, aussi maigre soit-elle, non, non, Monsieur est créateur de pavé. Il écrit entre 2000 et 3000 mots chaque jour. Juste soufflée en apprenant cela. Et, ouais, il y en a, ils ont juste à tourner le robinet et c’est un jet d’eau qui coule, d’autres, c’est un filet, d’autres encore, quelques gouttes. Bon, ne déprimons pas, chacun son rythme.

 

Mais, justement, quel rythme, ce Cetro !

 

Bon, alors, au fait, il serait temps de te lancer, Orphelins de pairs, ça parle de quoi ?

 

L’histoire commence dans un cirque, ce qui n’est pas pour me déplaire, cela m’a fait penser à l’un de mes romans préférés Cristal qui songe, le héros, également un laissé pour compte qui a pour spécialité, entre autres, de manger des fourmis, se retrouve enrôlé (de son plein gré, a contrario) dans une troupe de cirque. Le héros de Cetro, Phaco, est un jeune garçon né avec une malformation du visage qui le fait ressembler à un porc. Bébé à peine né, il est retrouvé dans une poubelle par le directeur du cirque, Maître Mollo, un individu qui n’est pas poussé par l’altruisme mais par l’appât du gain. Il fera de Phaco, en utilisant la maltraitance comme méthode d’éducation, le monstre vedette de sa ménagerie humaine. Heureusement, Phaco aura droit à la compassion d’Hercule, l’homme le plus fort du monde et de Bella, la femme à barbe, deux êtres qui lui apporteront, dans la mesure de leurs possibilités, une affection sur laquelle il peut s’appuyer lorsqu’il doit affronter la méchanceté et le rejet qui sont ses lots quotidiens.

 

Phaco réussit à s’échapper et après quelques péripéties (je ne vais pas tout vous raconter, quand même !) se retrouve enfermé dans un centre de détention pour mineurs qui est loin d’être ce qu’il semble être.

 

L’histoire se passe de nos jours mais, l’atmosphère assez particulière donne une impression d’intemporalité.

 

Le centre de détention pour mineurs semble à la fois tout droit sorti du 19ème siècle et en même temps très actuel. Ça ne m’a pas dérangé, au contraire. J’aime bien ne pas pouvoir tout situer de manière exacte et perdre mes repères.

 

En revanche, ce qui m’a « gênée », c’est la construction du livre. Il n’y a pas de chapitres à proprement parler. Du coup, parfois, lorsque j’avais besoin de faire une pause dans ma lecture, je m’arrêtais en plein milieu d’une action (bon, c’est vrai qu’il se passe toujours quelque chose dans Orphelins de pairs) et, c’est peut-être mon côté obsessionnel qui parle, j’aurais apprécié un vrai découpage en chapitres ou en parties. Et peut-être un travail plus approfondi sur certains dialogues qui m’ont paru un peu longs ou répétitifs.

 

Autre chose qui a mis mon côté obsessionnel à rude épreuve ainsi que la fille qui a la nausée plus vite que son ombre qui sommeille, d’un œil seulement, chez moi, c’est que ce livre est en odorama et que la merde y tient une place non négligeable. Phaco, l’homme à tête de porc et son acolyte, Bobbu, le bonhomme Michelin roux, sont même préposés au nettoyage des chiottes et Cetro ne se prive pas de nous expliquer en détail comment ils accomplissent leur tâche quotidienne.

 

Bon, voilà, vous le saurez, maintenant, j’ai un côté un peu précieux, eh ouais, personne n’est parfaite.

 

N’empêche que, malgré cela, il fallait que j’arrive au bout et que je sache le fin mot de l’histoire.

 

Au début de ma lecture, j’ai pensé au roman de Yves Grevet, Meto. Sans doute parce qu’il s’agit d’un groupe de garçons enfermés, sous la surveillance de gardiens. Les deux histoires sont assez éloignées mais... Ce qui a fait que je n’ai pas accroché à Meto, c’est l’extrême froideur de l’écriture, enfin, c’est ainsi que je l’ai ressentie. En comparaison (eh, oui, nous les humains, on adore faire des comparaisons), l’écriture de Cetro est vivante et ses personnages m’ont semblé plus attachants.

 

En résumé, un super rythme, une histoire pleine de rebondissement, des personnages vivants et attachants, mes réserves concernent plus la forme que le fond.

 

Une petite discussion avec Cetro sur Facebook m’a appris qu’il avait livré ce texte presque brut après, bien sûr, avoir procédé à sa correction d’un œil de lynx. Beau travail de correction d’ailleurs. Je ne suis pas une experte, loin de là, mais j’ai choppé très peu de coquilles. Ce qui n’est pas le cas de certains livres édités, on ne le dira jamais assez.

 

Pour moi, Orphelins de pairs est une pierre précieuse qui ne demande qu’à être polie. Encore faut-il que son auteur en ait envie. Et je comprends très bien qu’il ait souhaité l’offrir telle qu’elle est. Mais vu son potentiel, je reste persuadée qu’elle vaut la peine qu’il se penche de nouveau sur elle avec toute l’attention qu’elle mérite.

 

Encore une belle rencontre sur Facebook, comme quoi, je ne fais pas, comme je me le dis, parfois, que me noyer dans les j'aime et les partages en traînant sur ce réseau social.

 

J'espère que je vous ai donné envie de découvrir le personnage Cetro, son "goût immodéré" pour l'autopromotion et... son sale caractère qui dissimule, j'en suis certaine, un cœur tendre (vous savez de ceux qui sont si grands que l'on en voit que la moitié, comme le chantait Brel), une petite visite sur son blog s'impose : Tout à l'ego les errances nombrilistiques de Cetro

 

Il se décrit ainsi :

 

"De nature acariâtre, inadapté social chronique, le bougre a du mal à trouver une vraie place dans la société, une place qui en tous cas lui convienne...peut être d'ailleurs n'en existe-t-il pas pour cette espèce là...à lui de se créer sa propre niche donc, ou d'amener sa touche personnelle à une niche existante.

Animal étrange, de moeurs plutôt nocturnes, peu enclin à la discussion orale...pour la simple et bonne raison qu'il ne dispose que d'un langage très rudimentaire, et d'une élocution pour le moins aléatoire, faisant ressembler son phrasé à un gloubiboulga sonore, inaudible pour le commun des mortels.

L'écouter étant un calvaire, il vaudra mieux le lire. Tel un bègue oubliant son handicap en chantant, Cetro trouve dans l'écriture un moyen d'expression dans lequel il est nettement plus à l'aise, et dans tous les cas, plus compréhensible.

Il appréciera à n'en pas douter le fait d'être lu. Se livrer et s'exhiber sans se montrer, voilà bien ce qui le motive.

Une exhibition pudique donc,pour mettre à nu ses drôles de pensées, et non son étrange physique.

Le voir est le fuir, le lire est l'adopter."

 

J'allais oublier le pitch  :

 

"Abandonné quelques heures à peine après sa naissance, recueilli dans la foulée par un forain âpre au gain, Phaco est un enfant spécial. Unique.  Son apparence physique, pour le moins inhabituelle, lui a valu un début d'existence relativement chaotique, peu adapté à un développement sain.  Exposé dans une cage, présenté comme un monstre, il trouvera la force de briser ses liens, de rompre ses attaches.  Mais il découvrira, livré à lui même, que la vie n'a rien d'un conte de fées.  Il sera contraint de voler pour survivre, puis sera enfermé dans un centre de détention pour jeunes délinquants.  Il y découvrira la cruauté des personnes de son âge, mais aussi et surtout la valeur de l'amitié.  Accompagné de son nouvel ami, Bobbu le roux rond et dodu, ils seront confrontés à ce que jamais leurs jeunes esprits n'auraient pu seulement imaginer."

 

 

 

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09/08/2015
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