« Nickel Boys », Colson Whitehead, 2020
4ème de couverture :
"Prix Pulitzer 2020
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Dans la Floride ségrégationniste des années 1960, le jeune Elwood Curtis prend très à coeur le message de paix de Martin Luther King. Prêt à intégrer l'université pour y faire de brillantes études, il voit s'évanouir ses rêves d'avenir lorsque, à la suite d'une erreur judiciaire, on l'envoie à la Nickel Academy, une maison de correction qui s'engage à faire des délinquants des « hommes honnêtes et honorables ». Sauf qu'il s'agit en réalité d'un endroit cauchemardesque, où les pensionnaires sont soumis aux pires sévices. Elwood trouve toutefois un allié précieux en la personne de Turner, avec qui il se lie d'amitié. Mais l'idéalisme de l'un et le scepticisme de l'autre auront des conséquences déchirantes.
Couronné en 2017 par le prix Pulitzer pour Underdground Railroad puis en 2020 pour Nickel Boys, Colson Whitehead s'inscrit dans la lignée des rares romanciers distingués à deux reprises par cette prestigieuse récompense, à l'instar de William Faulkner et John Updike. S'inspirant de faits réels, il continue d'explorer l'inguérissable blessure raciale de l'Amérique et donne avec ce nouveau roman saisissant une sépulture littéraire à des centaines d'innocents, victimes de l'injustice du fait de leur couleur de peau."
« Le roman de Colson Whitehead est une lecture nécessaire. Il détaille la façon dont les lois raciales ont anéanti des existences et montre que leurs effets se font sentir encore aujourd'hui. » Barack Obama
Quelques passages qui m'ont marquée :
« La deuxième chose que remarqua Elwood fut l’étonnant rapport au monde de ce garçon. Malgré le brouhaha adolescent qui rendait le réfectoire assourdissant, il évoluait dans une poche de silence n’appartenant qu’à lui. Avec le temps, Elwood découvrirait qu’il était à l’aise dans toutes les situations et, en même temps, paraissait n’avoir rien à faire ici, il était la fois à l’intérieur et au-dessus, dans le groupe et à part. Semblable à un arbre tombé en travers d’une rivière qui n’aurait jamais dû être là et qui finit par donner l’impression qu’il n’a jamais été ailleurs, créant ses propres rides dans le grand courant. »
« Repensant à ses cours de science au lycée, il visualisa une Machine à Malheur Perpétuel qui fonctionnait seule, sans intervention humaine. Il pensa aussi à Archimède, une de ses premières découvertes encyclopédiques. La violence est le seul levier qui soit assez puissant pour faire avancer le monde. »
« Elwood dit : « Mais c’est interdit. » Interdit par la loi, mais aussi par ses propres règles. Si tout le monde fermait les yeux, alors tout le monde était complice. Et si lui fermait les yeux, il était tout aussi impliqué que les autres. Voilà comment il voyait les choses, comment il les avait toujours vues. »
Mon avis, attention, je dévoile des éléments clés du roman :
Sensation de tristesse.
Sensation de déjà-vu.
Monstruosité.
Aux Etats-Unis, dans les années 50, Elwood écoute les discours de Martin Luther King sur un disque qu’il a acheté. Il participe à des manifestations contre la ségrégation. Il rêve d’aller à l’université. C’est un bon garçon, intelligent, travailleur, qui croit à des valeurs morales et s’efforce de les incarner avec une certaine naïveté. Il a quelque chose d’innocent et n’anticipe pas le mal, la perversion des gens qui lui font face. Il est élevé par sa grand-mère. Ses parents l’ont abandonné pour aller vers un destin meilleur. Sa grand-mère gère des pertes humaines successives, des pertes douloureuses et espère ne pas perdre son petit-fils comme elle a perdu son mari et sa fille.
Dans ce monde ségrégationniste, Elwood apprend que les Noirs doivent rester à la place qui leur est attribuée sinon, ils risquent la mort.
Elwood est victime d’une erreur judiciaire. Alors qu’il s’apprête à aller à l’université, il est accusé d’avoir volé une voiture, il se retrouve dans un camp de redressement pour mineurs. Si certains gardiens sont plutôt coulants, d’autres sont racistes et sadiques. Il y sera battu, presque à mort, s’évanouissant sous les coups de fouet. Il se retrouve dans ce lieu de torture nommé ironiquement « la maison blanche » car sa nature l’a poussé à jouer les justiciers. Le bas de son corps est massacré par les coups reçus. Il en a honte et n’osera pas en parler à sa grand-mère de peur surtout de la mettre face à son impuissance. Que pourrait-elle faire pour l’aider, le sortir de là ? Rien. L’avocat qu’elle avait trouvé s’enfuit avec l’argent qu’elle lui a donné, argent dont une partie a été offerte par l’ancien patron d’Elwood.
L’établissement est un lieu de corruption. La nourriture livrée au centre est vendue au lieu d’être donnée aux élèves qui sont sous-alimentés.
Elwood et Turner participent aux tournées de livraison et Elwood note tout dans le but d’en fait quelque chose, de dénoncer.
Il dénonce le trafic grâce à Turner mais il se retrouve au cachot.
Il s’enfuit avec l’aide de Turner.
L’histoire s’achève sur un coup de théâtre magistral.
Cette histoire est aussi celle d'un lieu, Nickel, où après des décennies, des cadavres sont découverts, témoignant des pratiques sordides de cet établissement. Les jeunes noirs qui ne suivaient pas la ligne qu’on leur avait tracée étaient battus à mort, enterrés sans sépulture. A leur famille, on racontait qu’ils s’étaient enfuis.
Je ne vous en dirai pas plus.
« Nickel boys » est un livre marquant que je vous conseille vivement.
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