Sandra Ganneval, l'autoédition, le choix de la liberté

"Gecko", John Renmann, édition indépendante, 2015

Attention ! Attention ! Roulements de tambour ! Vous allez avoir l’insigne honneur de lire ma première interview immédiatement suivie d’une magnifique chronique (tiens, je me suis réveillée modeste, ce matin…).

 

 

J’ai rencontré John Renmann sur le site monbestseller.com où nous avons tous deux choisi de partager nos écrits. Nous nous sommes découvert des affinités et je suis très contente de donner un peu d’espace sur mon blog à son nouveau roman Gecko.

 

Et c’est parti !

 

Bonjour à toi, l’Homme de la pluie ! Je suis ravie de chroniquer ton livre sur mon blog. Merci d’avoir accepté de répondre à cette petite interview.

 

Alors, je commence :

 

Question difficile : si tu devais choisir trois adjectifs pour te définir en tant qu’auteur indépendant, lesquels choisirais-tu ?

 

Question difficile en effet, alors je dirais Indépendant (au sens large du terme), opiniâtre et atypique.

 

Autoédité, indépendant, quel est ton terme préféré et pourquoi ?

 

Le terme indépendant me plaît bien, tu as dû le noter. Il implique la notion de liberté, l’idée de l’écriture sans contraintes.

 

Pourquoi l’autoédition ?

 

Un défi personnel mais surtout le besoin d’aider, de donner à travers mes écrits.

 

On est au début du mois de mars mais, puis-je me permettre de te demander quel bilan tu fais de ton année d’écriture 2015 ?

 

Une très bonne année, au-delà de mon espérance. J’ai déjà réalisé deux entrevues avant celle-ci et ai rencontré des auteurs géniaux dont j’ai pu admirer le travail et la générosité.

 

Qui est ton écrivain préféré, pourquoi ?

 

Difficile de citer un auteur en particulier mais je dirais que trois d’entre eux m’inspirent au quotidien : Paulo Coelho pour son approche métaphysique, Stephen King pour son style hors du commun et Bernard Werber pour le côté vulgarisation scientifique.

 

Quel est ton livre préféré, pourquoi ?

 

Depuis peu, La part des ténèbres de  Stephen King. Le récit de cet écrivain devant faire face à son double négatif me renverrait presque à ma propre histoire. John Renmann est un pseudonyme, mon alter-ego. L’homme de la pluie me murmure ses idées, que se passera t’il le jour où je commencerai à écrire sous mon vrai nom et donc le jour où je le mettrai (provisoirement ?) au placard ? Voudra-t-il se venger ? J

 

Quel est l’écrivain que tu aimes le moins, pourquoi ?

 

Je ne peux pas dire que j’aime moins un écrivain qu’un autre, mais disons que je ne suis pas fan de ceux qui aiment à alimenter la polémique. Malheureusement, nombre de récents best-sellers sont à classer dans cette catégorie.

 

Comment abordes-tu la promotion de tes livres ? Est-ce facile pour toi de promouvoir tes écrits ?

 

Non, il m’est très difficile d’en faire la promotion. Tu dois le savoir mieux que moi, les indépendants ne pèsent pas bien lourd sur la scène littéraire (à de rares exceptions, certes). Je compte davantage sur le bouche à oreille et les réseaux sociaux (blog, page Facebook).

 

Quels conseils donnerais-tu à un nouvel autoédité ?

 

Ecrire avec plaisir en sachant se substituer au lecteur.

Être à la hauteur d’un écrivain dit « traditionnel » : un fond intéressant mais une forme irréprochable, orthographe, couverture, structure du livre, tout ce qui m’a manqué à mes débuts.

Et je le répète, ne jamais rien lâcher et ne pas cesser d’y croire.

 

Quelle est ta plate-forme préférée et pourquoi ?

 

La plateforme Kindle d’Amazon car outre le fait qu’elle truste nombre de lecteurs, elle met à notre disposition pas mal d’outils promotionnels, même si certains d’entre eux sont, pour le moment, exclusivement réservé aux titres publiés en anglais. Une fois encore la notion de promotion revient sur la table.

 

Comment travailles-tu ? Qui te relit ? Fais-tu appel à un correcteur ?

 

J’écris essentiellement sur Word. Les passages qui me déplaisent ou que je juge mal formulés sont surlignés en rouge, gras, je ne m’y arrête pas. En fin d’écriture, quand vient le moment de la relecture, ces passages sont corrigés mais je ne me focalise pas plus que cela sur l’orthographe.

La correction orthographique se fait en trois étapes : la correction Word sommaire (car peu efficace), la correction via un logiciel spécialisé (qui gomme 80% des erreurs) et enfin la relecture auprès d’un groupe composé de bêta lecteurs.

 

Et tes couvertures, qui s’en occupe ?

 

J’ai eu la chance d’obtenir les coordonnées de Nicolas Fouqué, un illustrateur encore peu connu. Nicolas est un graphiste, virtuose de Photoshop et de la tablette graphique. Je lui ai soufflé l’idée de la couverture de Gecko en lui fournissant une photo de la place de la victoire, à Pointe-à-Pitre, le résultat était au-delà de mes espérances. Je compte lui soumettre le projet de refonte de la couverture de Les colonnes du temps et vais sans doute régulièrement faire appel à lui pour mes prochains écrits.

 

Parmi les personnages que tu as créés, quel est ton préféré ?

 

J’hésite entre deux d’entre eux : Genos, le sage Zheenon de Les colonnes du temps ou Rousseau, l’antipathique inspecteur de Gecko. Deux personnages que tout oppose pourtant !

 

Quel est celui que tu as le plus aimé détester ?

 

La commissaire Manoël dans Gecko, un concentré des chefs qu’aucun employé ne rêverait d’avoir !

 

En tant qu’auteur, te définirais-tu comme une espèce de Dieu tout puissant ou plutôt comme un père ou une mère attentionnée ?

 

Sacrée question ! Dieu tout puissant car j’ai le pouvoir de vie et de mort sur mes personnages mais parent attentionné car je ressens chacune de leurs émotions et m’étonne à penser « Si je te fais ça, c’est pour ton bien ».

 

Quelle est la question que tu aimerais que l’on te pose ?

 

« Je viens de le finir…c’est vraiment toi qui l’a écrit ? »

 

Quelle est la question que tu détesterais que l’on te pose ?

 

« T’en as vendu combien ?!!! »

 

Ca y est, c’est la gloire, tu passes dans quelle émission télé ?

 

La grande librairie sur France 5.

 

Ecrire pour toi, qu’est-ce que c’est ?

 

Si je dis « une thérapie » on pourrait penser que je suis malade et que la plume me soigne, c’est en partie vrai, je pose sur le papier joies comme peines. Mes personnages révèlent chacun une part de ma personnalité.

Mais écrire est aussi un moyen d’élever les consciences. J’ai souvenir d’une lectrice qui, après avoir lu mon premier roman, m’a avoué, tout sourire, voir la vie différemment. C’est, encore aujourd’hui, le plus beau des cadeaux que l’on m’ait faits, en tant qu’auteur.

 

T’es-tu fixé un objectif à atteindre absolument en tant qu’écrivain avant de passer l’arme à gauche?

 

Je souris. Récemment j’observais une boîte de lego Starwars et imaginais mes personnages et mon univers commercialisés à leur tour sous cette forme. C’est audacieux, voire prétentieux, car cela signifierait au moins une adaptation sur grand écran, mais après tout, l’avenir n’appartient-il pas à ceux qui rêvent trop ?

 

Si tu étais un super héros ou une super héroïne ?

 

Enfant, je rêvais d’avoir le pouvoir de guérir les autres, juste par imposition des mains. Dans l’univers Marvel, dont je suis friand, je pourrais donc être le guérisseur Morlock (pour les inconditionnels du genre). Mais si je devais me comparer à un super héros un peu plus populaire, je me verrais bien dans la peau de Black Panther.

 

 

By William Tung from USA (IMG_0615) [CC BY-SA 2.0  (https://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons

 

Merci, John. Longue vie à Gecko !

 

Et maintenant, ma chronique :

 

 


 


 

Etonnant Gecko !

 

Ceux qui ont déjà eu l’occasion de lire mes chroniques savent que je n’aime pas trop les circonvolutions. J’irai donc droit au but en commençant par vous dire que l’écriture de John Renmann est très visuelle, vive, scénaristique.

 

Il y a du pulp et de la fiction dans ce polar !

 

C’était culotté d’oser « Le chien des Baskerville » (je n’ai pu m’empêcher de penser à ce classique) à la sauce créole. Il fallait relever ce joli défi lancé à soi-même.

 

Pourquoi j’ai aimé le Gecko de John Renmann ? J’ai aimé le Gecko parce que John résiste à la facilité et est plein d’exigences envers lui-même. Il ne donne pas une image idyllique et donc, attendue, de Karukéra, l’île aux belles eaux, mais nous propose une photographie prise avec soin, une mise en scène complexe entre modernité et tradition. Il ne fait pas l’impasse sur le passé torturé de l’île. Ce sont des métissages successifs, forcés et volontaires qui ont donné lieu à ce melting pot où s’entremêlent magie et sorcellerie. John n’hésite pas et donne à voir ce que l’on n’a pas envie de voir. Il met les mythes en exergue dans cette société qui en est imprégnée. Il les rend réels et en fait le support de la culture et de l’existence même de l’île. D’ailleurs, cette idée exigeante aurait peut-être méritée un espace d’expression plus large.

 

Les personnages principaux : deux flics, un homme, Nicolas Rousseau, une femme, Marie Kancel. Un duo de choc, comme je les aime. Lui, le méchant flic, à la vilaine réputation, violent, insubordonné, (ah, les prises de bec entre l’inspecteur et sa supérieure, les noms d’oiseaux dont ils s’affublent, tout un poème !) réagissant instinctivement et au quart de tour en ne respectant rien (ou presque) et surtout pas sa hiérarchie. Elle, posée, réfléchie, qu’il a formée et qui vient adoucir, assouplir son mode de fonctionnement. Même s’il tient rarement compte de son avis, il y est sensible et on perçoit, au fil du livre, l’admiration qu’il éprouve pour sa collègue dont le physique et le répondant ne laissent pas à désirer.

 

L’histoire : à Pointe-à-Pitre, en Guadeloupe, des meurtres sont commis par un animal inconnu ; sous les corps, on découvre à chaque fois un gecko, dessiné avec le sang de la victime. Il semble impossible qu’il ait été tracé avant les décès et encore plus improbable qu’il l’ait été après. Mystère, mystère, mystère. Ces meurtres suintent le mystère et vont faire surgir dans un imaginaire qui ne demande que cela des hypothèses vers lesquelles nos deux enquêteurs n’ont pas, dans un premier temps, une folle envie de s’orienter. Au contraire, tant que c’est possible, ils tentent de se raccrocher au rationnel jusqu’à ce que… eh, bien, ils n’aient plus le choix. Quelques notes du générique de la série XFiles ne seraient pas de trop, ici.

 

J’ai trouvé l’histoire originale. J’en ai apprécié le rythme. Le personnage de l’inspecteur torturé, déchiré entre son rationalisme et l’évidence du surnaturel auquel il est confronté, m’a plu. Et j’ai eu un faible pour le médecin légiste dégainant proverbe créole sur proverbe créole.

 

J’ai trouvé peut-être un poil (c’est le cas de le dire) compliqué les explications données concernant la bête et sa propriétaire et peut-être, vu la découverte que font les deux flics, aurions-nous eu besoin de développements supplémentaires. Bon, là, il va falloir que je m’adresse directement à l’auteur en message privé, bien sûr, sous peine de déflorer le sujet et de me faire huer par ceux qui détestent (j’en suis, en plus !) les spoilers.

 

Pourquoi je vous recommande de vous plonger dans Gecko ? Parce que ce roman vous dépaysera. Parce qu’il vous fera du bien. Parce qu’il vous réchauffera si vous avez froid et vous donnera envie de vous installer confortablement pour découvrir la suite, avec une bonne boisson chaude à portée de main. Et si vous avez chaud, vous pouvez faire de même avec une bonne boisson fraîche. Gecko s’en accommodera tout aussi bien.

 

Un autre avis de lectrice à retrouver sur Babelio

 

 

Si cet article vous a plu, ne soyez pas égoïste, partagez-le ! Clin d'œil

 

 

 

Sandra Ganneval, écrivain indépendant

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12/03/2016
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