Sandra Ganneval, l'autoédition, le choix de la liberté

"La Melly Touch", chapitre 1

 

VOUS AVEZ TROP DE CHANCE ! Si, si, je vous promets, vous avez trop de chance ! Je vous offre le premier chapitre de mon nouveau roman.
 
Alors, ça parle de quoi ? Eh bien, ça parle de Mel. Mel est égocentrique, Mel aime que le monde tourne autour de son petit nombril narcissique mais, elle est drôle et attachante, enfin, j'espère.
 
Eh bien, bonne lecture !
 
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Le code de la propriété intellectuelle n’autorisant, au terme de l’article L. 122-5 (2è et 3è a), d’une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d’exemple et d’illustration, « toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l'adaptation ou la transformation, l'arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque. » (art. L. 122-4)

 

© Sandra Ganneval éditions, 2020

Tous droits réservés

 

 
 
 

"LA MELLY TOUCH"

 

« A l’étranger, une française n’a pas le droit, ne peut pas se permettre d’être médiocre. Je ne parle pas seulement de l’allure, de l’élégance, mais aussi d’une certaine dimension intérieure »

 

Sylvie Joly, humoriste

 

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1

 

 

Je bats de mes faux cils, je baisse les yeux (aujourd’hui, ils sont verts grâce aux lentilles de contact) et je la toise.

 

Ma petite sœur. Dix ans. La tête levée vers moi, mais c’est exceptionnel. Toujours le nez plongé dans un bouquin, cette gamine. D’où ça peut lui venir, ça ? Une mauvaise langue dirait que c’est le fruit d’un moment d’égarement entre ma mère et le voisin du dessous tant ce résultat ne colle pas avec ce que j’étais en droit d’attendre d’une petite sœur. Ce monsieur au visage fermé, quand je le croise, il tient un livre à la main. Il y en a qui risquent leur vie en roulant trop vite au volant de leur voiture, ce monsieur la risque en lisant en marchant, en lisant… des bouquins ! Pas en lisant des messages sur son téléphone, pas en regardant une vidéo sur son écran de poche, un casque vissé à ses oreilles, pas en jouant à Candy Crush, non. À la fois indulgente et admirative, ma mère suppose que c’est un vieil et éternel étudiant, un passionné de littérature. Il a la politesse de s’interrompre dans sa lecture et de saluer d’un air distrait quand on doit « voyager » avec lui dans l’ascenseur.

 

Ma petite sœur souffre de la même maladie. Elle lit comme elle respire.

 

Elle répète :

 

– On peut pas appeler ça une minijupe, c’est une microjupe.

– Eeeeeeeeeeeeeeeet ?

– Eh ben, si Papa te voit comme ça, il va te dire de t’habiller avant de sortir de chez lui, répond-elle sur son ton de mademoiselle je-sais-tout avant de replonger le nez dans son bouquin.

 

Comment une gamine aussi jeune peut lire des bouquins aussi épais ? Moi, à son âge, je peinais avec les mangas, j’ai pas adhéré à cette lecture de droite à gauche, je me paumais dans les cases et je préférais les regarder à la télé que les lire. Je ne suis pas fan de lecture, c’est le moins que l’on puisse dire. J’ai survolé tous les bouquins qui nous étaient imposés à l’école, trop de pages, trop de phrases, je demandais aux potes de me les raconter et j’étais abonnée à un site sur lequel je trouvais d’excellents résumés. Moi, je suis une visuelle, mais j’aime voir les choses en mouvement, pas des lettres figés sur un support quelconque, et je suis une auditive. Donc, vive la télé, les séries à gogo et YouTube, mes trois raisons de vivre. Et puis, mon péché mignon, discuter, parler avec les copines en vrai, ou au téléphone, ou par SMS ou sur un réseau social, n’importe lequel, je n’ai pas de préférence. Donc, malgré tout, j’écris beaucoup et je lis beaucoup. Si. Si. Si.

 

Ah là là, si je pouvais me prendre en photo en entier et poster ma tenue du jour... Je m’abstiens. Je me contente d’un selfie avec un sourire irrésistible, ça va « liker » grave, je le sens !

 

– T’inquiète, dis-je, soi-disant pour la rassurer, avec le mouvement de la main et le déhanché qui va avec.

 

Mon père, s’il pouvait m’obliger à porter des cols roulés et des jupes longues informes, il le ferait sans hésiter. Il a une notion particulière de la mode en ce qui me concerne : hors du temps, visant non pas à me mettre en valeur, mais à repousser tout ce qui, armé d’un sexe masculin, est susceptible de s’intéresser de trop près à ma plastique parfaite.

 

Moi, ce que j’en dis, c’est :

 

« Je suis une belle fille, je le sais, et je le montre ! Si ça vous dérange, regardez ailleurs, bon sang ! »

 

Pourquoi ce serait à moi de me cacher plutôt qu’à eux de détourner les yeux si ma vue les indispose.

 

Un corps comme le mien est fait pour être mis en valeur. Je ne peux pas me permettre d’être médiocre. J’ai un principe. Si je n’ai pas eu un nombre raisonnable de « likes » en sortant de chez moi, ben, je rentre pour me changer. Trois « likes », minimum.

 

C’est quoi, des « likes », dans la vraie vie ? Ben, c’est le nombre de fois où, entre le hall de mon immeuble et la bouche de métro, un mec se sera retourné sur mon passage ou aura montré un signe d’intérêt. Évidemment, ce ne sont pas des pouces vers le haut auxquels j’aurais droit le long de ma route, quoique, ça y ressemble pas mal. Dans l’idéal, c’est un regard approbateur appuyé ou discret, un sourire, la recherche d’une entrée en matière.

 

Dans ce monde pas idéal, c’est trop souvent des remarques lourdes et insistantes. D’une manière générale, mon boulot consiste à snober tout ça parce que je mérite plus de subtilité. Je n’ai pas de temps à perdre. Enfin, c’est l’air que je me donne. Je suis toujours pressée, j’ai le temps de rien, officiellement.

 

Effectivement, si mon père me voyait habillée comme ça, il ne serait pas content. Maman est plus coulante, même si je sens que, parfois, elle tique, mais elle a moins de réserve sur la quantité de peau que je peux dévoiler. J’essaie d’expliquer à mes parents que c’est grâce à eux que je suis comme ça, ils m’ont trop magnifiquement réussie pour que je me cache, quitte à faire des jalouses. Être une fille noire avec une carrosserie à tomber signifie avoir des avantages : tout d’abord, j’ai des fesses musclées et naturellement rebondies, une peau qui me permet de porter toutes les couleurs que je veux, une peau qui vieillira lentement et qui fait ressortir la blancheur naturelle de l’émail de mes dents.

 

Je revendique ma liberté d’être et de me montrer. Si les mecs voient mes fesses, enfin, les devinent sous mes vêtements, ils doivent savoir se tenir et ne sont pas obligés de se jeter dessus comme des affamés.

 

Et le respect, alors ?

 

Il y en a qui me disent que je ne me respecte pas. Porter une micro signifierait ne pas se respecter.

 

Bon, ça va, cinq « likes » entre la maison et le métro. Je suis toujours au top du top.

 

J’ai rendez-vous avec mon chéri. Je sais qu’il va halluciner en me voyant, et me demander si je ne devrais pas me promener en compagnie d’un garde du corps. Pas de souci, chouchou, tout le monde croit que je collectionne les embrouilles, mais, c’est pas parce que je suis une princesse que je ne peux pas me mettre en mode défense à la demande. Il sera un peu gêné, comme d’habitude. Il n’apprécie pas la façon dont on me regarde, il aimerait me mettre dans une petite cage et me garder uniquement pour lui, comme je le comprends !

 

Mais il a tort de s’inquiéter, sous mes dehors affichés de soi-disant salope, je suis la fille la plus pure du monde, ou presque. Je ne fais que suivre les conseils d’une grande. Une femme se doit d’utiliser ses atouts, et, si je faisais des concerts, je les ferais en tenue minimaliste, comme mon Idole.

 

Ma perruque me gratte. Ouais, ce matin, c’est perruque. Je devais me faire poser un tissage ce week-end mais je n’ai pas eu le temps de m’en occuper. Trop de choses à gérer. Méchamment busy, tu vois. Bon, j’avoue, grosse flemme, et une série géniale à regarder.

 

Mais ça permet de laisser mes cheveux respirer un peu, il paraît que c’est important. Ma mère se désespère des golfes qui sont apparus sur mes tempes. Elle dit que j’ai bien fait d’arrêter mes tresses de folie avant la pause des tissages parce qu’elles étaient trop serrées, m’arrachaient les cheveux et que, là où c’est lisse, ils risquent de ne pas repousser, pire qu’un champ après le passage d’une horde de barbares. Elle n’a pas tort, en plus, ça me donnait des maux de tête pas possibles, mais il faut souffrir pour être belle ! Toute nana qui finit la journée avec les pieds douloureux faisant le double de leur volume parce qu’ils ont été compressés et cambrés dans des chaussures à talons vertigineux le sait.

 

J’ai un budget beauté plutôt serré, quoi que certains en pensent, je dois donc être imaginative, trouver des petites astuces. Alors, je délègue. À ma mère, qui fait de la magie avec ses doigts, des aiguilles, du fil et des bouts de tissu. On dirait les petites souris dans « Cendrillon ». Magique ! Tu lui dis : « Est-ce que tu pourrais m’arranger ça ? » Et le lendemain, ça est doté d’un ourlet parfait ou des quelques points qui font que ça tombe nickel sur mon corps de Déesse, avec une majuscule s’il vous plaît.

 

Comme le dit mon Idole :

 

« Je me fais des compliments pour que l’on n’oublie pas de m’en faire. Plus je m’aime et plus les gens m’aiment, c’est mathématique. »

 

Je peux le dire à n’importe qui en le regardant dans les yeux, je suis une Déesse.

 

Théoriquement, une Déesse, on la respecte, on n’arrive pas en retard à un rendez-vous avec une Déesse, on craint ses foudres. Je n’ai pas été assez claire, on dirait, sur mes principes.

 

 

 

 

 

 

 

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01/01/2020
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